Je
tiens en premier lieu à saluer l’ensemble des participants à ce colloque. Il
est rare de voir sur notre ville, rassemblés en un même lieu, autant d’universitaires
et d’éminents spécialistes de la littérature française et de l’histoire de
notre civilisation.
Je
tiens aussi à remercier Frédéric-Gaël Theuriau, Docteur ès lettres de
l'Université François Rabelais de Tours. Sans lui et ses recherches sur Savinien
Lapointe, Sens ne serait pas ce week-end le haut lieu de la littérature
prolétarienne des deux derniers siècles.
Comme
vous l’écrivez dans le texte de présentation du programme de ce colloque au
sujet des travaux qui vont être restitués par les intervenants durant ce week-end
: « le fruit du travail et de la
réflexion n’a pas pour unique objectif de dépoussiérer un passé sans y inclure
un présent afin, peut-être, de le critiquer, de le comprendre, d’alerter le
politique et d’influer sur l’avenir de manière positive. » Pour le
politique que je suis, j’ose entrevoir
dans vos propos une merveilleuse espérance dans notre capacité à améliorer
notre quotidien en apprenant du passé.
Les
machines-outils des ouvriers de nos manufactures ont disparu au profit des
claviers et des souris sans fil… La silicose du mineur a muté en « Burning Out »
des employés… La culture ouvrière s’est diluée dans les spots publicitaires de
nos programmes télés et les spams de nos boites Mail. Jamais l’écart des
richesses entre individus n’a été aussi important qu’aujourd’hui. Jamais les
détenteurs du capital n’ont été aussi puissants.
Comme
le souligne, non sans humour et provocation, Raoul Vaneigem « le prolétariat a perdu son
nom depuis que la plupart des citoyens en font partie. »
Heureusement,
la littérature demeure…. gardienne de l’histoire des hommes, des femmes et de
leurs idées.
Aussi, je tiens à saluer votre volonté d’avoir élargi à divers genres littéraires –bien au-delà du cadre fixé par Henry Poulaille (fondateur dans les années 1930 du Groupe des écrivains prolétariens de langue française faisant de la littérature prolétarienne un courant littéraire), ce week-end consacré à l’étude de la littérature prolétarienne du XIXe et XXe siècles. Je note avec plaisir que de nombreux écrivains de Sens et sa région seront à l’honneur, je pense à André Gateau, Savinien Lapointe, même Bernard Clavel vécu quelque temps à Villeneuve Sur Yonne.
Je
vous suis très reconnaissant de redonner, au travers de vos communications et
travaux, ses lettres de noblesse à cette littérature prolétarienne qui s’est
enrichie depuis plus de deux siècles des contributions des ouvriers, des
écrivains, de poètes, des intellectuels issus ou non des classes laborieuses et
des universitaires, comme vous, qui ont montré l’importance de cette production
littéraire dans la constitution de notre socle culturel commun.
Pour conclure, je citerais Albert Camus : « Il est vrai peut-être que les mots nous cachent davantage les choses invisibles qu'ils ne nous révèlent les visibles.»
Je
vous invite donc sans plus attendre de « révéler » à nos sens et
en votre compagnie, le monde invisible de la littérature prolétarienne.
Merci
de votre attention.
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