Mesdames
et Messieurs les Elus,
Messieurs
les Présidents d’Association d’anciens combattants,
résistants
et déportés,
Messieurs
les porte-drapeaux,
Mesdames
et Messieux les représentants des autorités civiles,
militaires
et religieuses,
Mesdames
et Messieurs
Chers collégiens et lycéens,
Nous commémorons aujourd’hui l’armistice de 1918 qui mit fin
à un conflit militaire qui provoqua plus de morts et causa plus de destructions
matérielles que toute autre guerre auparavant.
A mon tour, et comme beaucoup d’élèves de nos collèges et
lycées, je me suis à nouveau plongé dans la lecture des lettres de Poilus. Et, c’est
celle d’Eugène, un poilu qui fut victime de la folie meurtrière de cette époque
que j’ai souhaité porter à votre connaissance.
Ce dernier écrit, en 1917, à sa chère Léonie afin qu’elle
apprenne la vérité sur sa mort à venir. Je cite : « ….. on ne supporte plus les sacrifices
inutiles, les mensonges de l’état-major. …. La semaine dernière, le régiment
entier n’a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé
de continuer à attaquer mais pas de défendre… J’ai été condamné à passer en
conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est
tombée : je vais être fusillé pour l’exemple, demain, avec six de mes
camarades, pour refus d’obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour
objectif d’aider les combattants à retrouver le goût de l’obéissance, je ne
crois pas qu’ils y parviendront. »
Eugène confie plus loin dans sa lettre que peut-être, un
jour, la mémoire des poilus fusillés pour l’exemple puisse être réhabilitée.
Il est dommage que ce dernier n’ait pu avoir connaissance du
geste héroïque du Général Charles Lanrezac, qui sauva son armée en août 1914,
lors de la bataille de Charleroi, en faisant reculer ses 270 000 hommes
malgré l’avis contraire du reste de l’Etat-major. (Le 3 septembre de la même
année, ce dernier était limogé.)
En 1930, le plus célèbre de nos militaire, le Général De
Gaulle, alors chef de bataillon rendait hommage à ce haut gradé, et stratège
reconnu, de l’armée française dans la Revue militaire française en ces termes : « Ceux qui accomplirent quelque chose de grand
durent souvent passer outre aux apparences d’une fausse discipline. »
Aussi, en ce 11 novembre, je souhaitais évoquer avec vous le souvenir
de tous ces hommes, pour que leur sacrifice ne soit pas vain.
Dans le cadre de cette
célébration nationale de la fin de la Grande Guerre en l’honneur des héros
tombés pour la France, j’ai aussi souhaité évoquer le cas de ces soldats et de
ces officiers, trop peu souvent cités, qui participent de notre histoire
collective. Je tenais à leur rendre hommage.
Je n’oublierai pas bien sûr ces millions de jeunes gens
partis défendre leur patrie et qui, au détour d’un bosquet, au moment de sortir
d’une tranchée ou en allant chercher l’un de leurs camarades blessés sur le
champ de bataille, furent fauchés dans leur élan héroïque et leur
jeunesse : 1 millions 400 soldats, forces vives de la nation, qui ne
retrouvèrent jamais le chemin de leur foyer. Nous devons les honorer en nous
rappelant leur sacrifice.
Depuis la première guerre mondiale, ce sont malheureusement
les populations civiles qui, de plus en plus, sont les victimes désignés de ce
mépris de la condition humaine : il y eut plus de civils tués durant la
seconde guerre mondiale que de militaires. Gardons à l’esprit cette réalité qui
caractérise les conflits modernes.
L’an prochain, cela fera 100 ans que débutèrent des
hostilités entre les nations d’un même continent, entrainant l’Europe puis le Monde dans un
cycle de deux guerres plus meurtrières et sauvages l’une que l’autre.
Vous l’aurez compris, la commémoration de l’armistice de 1918
passe avant tout pour moi par un devoir de mémoire pour ensuite pouvoir évoquer
le temps de la paix retrouvé.
Je conclurai donc ce discours par une citation de Jean Jaurès
dont l’engagement allait toujours dans le sens de la préservation de la paix :
« L’humanité est maudite si pour
faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement. »
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